"La pensée n'est qu'un éclair au milieu de la nuit. Mais c'est cet éclair qui est tout." Henri Poincaré

Pourquoi je repense à lui alors que ça fait plus d'un an et demi que c'est fini et que je suis avec quelqu'un d'autre de très bien depuis un an ? Peut-être est-ce le fait d'entendre la pluie, de voir ce temps maussade qui me fait ressurgir tant d'images, de souvenirs. Je l'entends encore me parler, me dire que le temps d'aujourd'hui est à l'image de ce qu'il ressent, qu'il pleut parce qu'il est triste de ne pas me voir et que le soleil rayonne parce que je suis auprès de lui, je nous vois encore dans le bus, les secousses nous ballotant l'un contre l'autre. Pourtant, et fort heureusement, je ne ressens rien de plus que de la nostalgie. L'impression d'avoir fait une énorme connerie et d'avoir bousillé notre amitié. Maintenant il refuse de me parler alors que j'aimerais bien renouer contact avec lui.
Pourquoi est-ce que ma main tremble pendant que j'écris ces quelques mots ? Est-ce par peur que mon copain tombe dessus ? Je sais que ça ne lui plairait pas, surtout qu'on ce moment, on a pas le vent en poupe. Ou bien est-ce le stress des épreuves anticipées qui arrivent à trop grands pas et qui m'effrayent soudain ? Je suis presque heureuse pourtant. Oh bien sur j'ai mes petits soucis qui me bouffent la vie, comme tout le monde. Mais je suis presque heureuse ! Il faut avouer que je le vois partout en ce moment, et pourtant, je ne le fais pas exprès.

J'aimerais tant savoir de quoi demain ce sera fait. Y aura-t-il du vent ? Pleuvra-t-il ? Y aura-t-il du monde à ma représentation de théâtre demain soir ? Parce que dans le fond, toute ma vie n'est qu'une longue et indescriptible représentation. Celle d'une jeune fille, qui veut vivre dans un monde qui ne lui convient pas mais qu'elle ne peut pourtant pas changer. Ma vie ce sont les mots, ma vie c'est le théâtre, ma vie c'est la parole. Ma vie, c'est d'être. Mais la véritable question est : d'être quoi ? D'être qui ?

Pendant que mes chats roupillent tranquillement, moi j'attends 18h pour aller chez le coiffeur, en espérant qu'il pourra faire quelque chose, sans grande conviction. J'ai peur d'être déçue. Ma main tremble de plus en plus. Mais ce n'est pas la même. Tout à l'heure, c'était la droite, maintenant c'est la gauche. Elle me fait mal mais je continue à écrire, même si ce n'est pour être lue de personne, je continue à écrire, à me vider l'esprit. J'ai besoin de changement. Je lève la tête. Tiens mon bâton d'encens de Santal a fini de brûler.  Je n'avais pas fait attention.

A quoi ça rime ? A quoi ça rime de penser à tant de choses en même temps ? Je pense à mon passage en terminale, je pense à cet ex, je pense à mon chéri, je pense au coiffeur, à mes amis qui n'en sont finalement plus vraiment, aux problèmes de fric de mes parents, à mes chats, à mai 68 car j'ai le cahier n°2 du Progrès sous le nez et que ça parle de ça spécialement, je pense à cette main qui tremble encore. Wahou, je ne pensais pas mon cerveau si intelligent. Et voilà ! Je pense encore ! Ma vie n'est donc qu'une éternelle pensée ?